20 décembre 2024
Interviews « sécurité » croisées
La sécurité, un enjeu au cœur des métiers des travaux publics, concerne chaque acteur de l’entreprise, qu’il soit sur le terrain, au bureau ou en gestion de projets. Afin de mieux comprendre les pratiques, les perceptions et les idées pour renforcer cette culture commune, nous avons interrogé différents collaborateurs. Une plongée dans des points de vue complémentaires qui mettent en lumière les défis et les bonnes pratiques pour protéger chacun, à chaque étape.
Emmanuel OSTER – Conducteur de travaux
Pour vous que représente « la sécurité » dans votre travail quotidien ?
C’est quelque chose de très vaste. Ça commence dès le matin sur la route, puis sur le chantier. C’est faire attention à soi et veiller sur les autres, bien préparer le chantier (balisage, matériels…), faire attention aux machines et bien sûr former.
Y a-t-il un geste ou une vérification de sécurité que vous ne manquez jamais de faire ?
Tous les matins, je prends le temps dès mon réveil de m’échauffer le dos. Ensuite, avant de partir, je fais le tour de mon véhicule : je vérifie les pneus et m’assure que tout est en ordre.
Quelle est la première chose à laquelle vous pensez en arrivant sur le chantier pour garantir votre sécurité et/ou celle des autres ?
Je vérifie le balisage. On ramasse les barrières et on s’assure que la sécurité est optimale pour les collaborateurs, mais aussi pour les usagers.
Quels sont, selon vous, les risques les plus fréquents dans votre travail quotidien ?
La route est le plus grand danger. On néglige souvent les trajets domicile/travail parce qu’on est en retard ou fatigué. Il faut rester attentif surtout en ville avec les vélos, les trottinettes, les piétons…
Quel est le conseil de sécurité le plus utile qu’on vous ait donné depuis que vous travaillez dans le TP ?
Le risque électrique. On m’a dit un jour : « l’électricité, on ne l’entend pas arriver mais ça tue ». Ça m’a marqué et c’est resté. C’est vital de bien mettre ses EPI, il ne faut pas plaisanter avec ça.
Avez-vous déjà vécu une situation où un collègue vous a sauvé d’un risque ? Ou l’inverse ?
Oui, j’ai un collègue qui était resté accroché à un tableau électrique un jour. On a dû intervenir pour le décrocher et réaliser un massage cardiaque. Heureusement, il est aujourd’hui en pleine forme.
Si vous pouviez proposer une idée simple pour améliorer la sécurité ou mieux prévenir les risques, quelle serait-elle ?
Je n’ai pas d’idée précise. Peut-être permettre de faciliter ces remontés quotidiennement ou démultiplier les formations ? Les rappels constants c’est important.
Y a-t-il un EPI que vous trouviez gênant au départ, mais qui est maintenant indispensable pour vous ?
Le casque. Il y a deux ou trois ans, on ne le mettait pas toujours, parce qu’on trouvait ça encombrant ou « pas beau ». Aujourd’hui, dès qu’on sort du véhicule, c’est un réflexe, on le porte, même quand il n’y a pas de risque apparent. Même les clients sur les chantiers le mettent systématiquement.
Si vous pouviez améliorer un EPI pour qu’il soit encore plus pratique ou performant, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
Les gants pour travaux sous tension. C’est en fait une succession de couches (sous-gants et les sur-gants) et cela limite beaucoup la sensibilité et le travail en finesse, les doigts sont un peu bloqués dans leurs mouvements. Espérons qu’avec les avancées sur les textiles, ils puissent gagner en finesse. Pour l’instant, il n’y a pas de solution donc il faut s’y habituer. C’est comme les vêtements qui se rigidifient à la suite du traitement anti-feu.
Si vous aviez un message à transmettre à vos collègues sur le sujet de la sécurité, quel serait-il ?
Faites attention sur la route et portez toujours vos EPI. Prenez soin de vous, mais gardez également un œil sur l’environnement autour de vous. La vigilance partagée, c’est essentiel pour que tout le monde rentre en sécurité.
Alexandre LARIVIERE – Chef d’équipe
Pour vous que représente « la sécurité » dans votre travail quotidien ?
Dans mon quotidien, c’est surtout le port d’EPI adaptés.
Quelle est la première chose à laquelle vous pensez en arrivant sur le chantier pour garantir votre sécurité et/ou celle des autres ?
Je vérifie toujours la signalisation, surtout lors de chantiers en ville. Les choses bougent souvent pendant la nuit, et il faut s’assurer que tout est en place avant de démarrer.
Quels sont, selon vous, les risques les plus fréquents dans votre travail quotidien ?
Les risques principaux sont les coincements. Je ne parle pas des faux mouvements et de dos bloqué mais des écrasements de doigts, de mains, de pieds avec les machines comme le marteau-piqueur par exemple. Il faut rester vigilant tout au long de la journée.
Quel est le conseil de sécurité le plus utile qu’on vous ait donné depuis que vous travaillez dans le TP ?
Porter le casque. Un jour, on m’a raconté une anecdote où un ouvrier a reçu sur la tête un morceau d’échafaudage alors qu’il était dans sa camionnette et il en est mort. Ça m’est resté surtout dans le sens où le danger ne prévient pas. Sur les chantiers, des cailloux ou des pierres peuvent voler et causer des accidents graves. Vous savez ce qu’on dit, mieux vaut prévenir…
Avez-vous déjà vécu une situation où un collègue vous a sauvé d’un risque ? Ou l’inverse, où vous avez évité un incident à quelqu’un ?
Non, j’ai eu la chance de ne jamais avoir vécu ce genre de situation.
Y a-t-il un EPI que vous trouviez gênant au départ, mais qui est maintenant indispensable pour vous ?
Le casque que j’ai déjà évoqué avant. Avant, je ne le mettais jamais, mais maintenant, dès que je sors de la camionnette, je le porte. Ça m’a pris du temps de m’y habituer. Les casques sont lourds et il a fallu que ma nuque s’y fasse.
Avez-vous un EPI préféré ou que vous trouvez particulièrement pratique ? Pourquoi ?
Les bouchons moulés. Depuis que je les utilise, ils ont pris le relais des casques anti-bruit, c’est bien plus confortable.
Si vous pouviez améliorer un EPI pour qu’il soit encore plus pratique ou performant, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
Lorsque l’on tronçonne, il faut porter le casque, les lunettes et le masque anti-poussière. Très rapidement, je transpire, la buée s’invite et ça m’oblige à m’arrêter régulièrement pour nettoyer mes EPI et pouvoir continuer à travailler. Il faudrait une visière intégrale, traitée antibuée, qui ne laisse pas passer la poussière et si possible fixée sur un casque qui va bien.
Selon vous, quels outils ou équipements pourraient encore améliorer la sécurité sur les chantiers ? Un exosquelette pourrait être très utile ou autre chose, notamment pour faciliter le port des tronçonneuses. On les a régulièrement à bout de bras. Cela soulagerait mon dos.
Si vous aviez un message à transmettre à vos collègues sur le sujet de la sécurité, quel serait-il ?
Faites attention à vous et aux autres. Quand on part travailler le matin, c’est pour bien rentrer chez soi le soir.
Florian MOURIER – Chargé d’affaires
Pour vous, la notion de sécurité, ça représente quoi dans votre travail quotidien ?
La sécurité est un élément primordial, mais elle ne repose pas sur une seule personne. C’est l’ensemble des collaborateurs qui crée un environnement sécuritaire. En tant que chargé d’affaires, il y a une responsabilité supplémentaire envers ses équipes : l’objectif est que chaque personne qui part travailler le matin rentre chez elle le soir.
Y a-t-il un geste ou une vérification de sécurité que vous ne manquez jamais de faire ?
Quand j’arrive sur le chantier, je veille toujours à être bien équipé et habillé pour montrer l’exemple. En cas de comportements déviants, rares heureusement, je les indique aux équipes immédiatement.
Si vous pouviez proposer une idée simple pour améliorer la sécurité ou mieux prévenir les risques, quelle serait-elle ?
Il faut augmenter les remontées terrain sur les « presque accidents » afin d’analyser les points défaillants. Les hommes sur le terrain sont les premiers acteurs de la sécurité, et il ne faut pas hésiter à partager les informations sans crainte de réprimandes ni honte. Ces remontées sont essentielles pour progresser et éviter des incidents graves.
Y a-t-il un EPI que vous trouviez gênant au départ, mais qui est maintenant indispensable pour vous ?
Le casque. Lorsque je travaillais sur des chantiers confinés, je le trouvais encombrant : il n’était pas intégré par mon cerveau au gabarit de mon corps, ce qui faisait que je le cognais fréquemment. Aujourd’hui, il est devenu un réflexe et une protection incontournable.
Avez-vous un EPI préféré ou que vous trouvez particulièrement pratique ? Pourquoi ?
Les chaussures en Gore-Tex pour réduire les risques de brûlures, un enseignement tiré d’un accident de travail vécu par un collègue.
Selon vous, quels outils ou équipements pourraient encore améliorer la sécurité sur les chantiers ?
Un module laser pour délimiter les angles morts autour des engins et camions ; un blindage gonflable, une solution pratique pour protéger les fouilles.
Si vous aviez un message à transmettre à vos collègues sur le sujet « sécurité », quel serait-il ? La sécurité est l’affaire de tous, sans aucun compromis possible. Ce n’est pas parce que vous avez toujours fait les choses d’une certaine manière qu’elles sont idéales. Il existe souvent de meilleures façons de faire. Et surtout, souvenez-vous : les machines n’ont pas de cerveau, alors utilisez le vôtre.
Aline JAECK – Responsable administration du personnel
Quelle est la vision RH de la QSE (Qualité, Sécurité, Environnement) ?
Notre vision consiste à intégrer la sécurité et la prévention des risques dans la culture de l’entreprise. Cela passe par des outils adaptés, des processus efficaces et une sensibilisation constante des équipes. L’objectif est d’assurer un environnement de travail sûr, respectueux des normes et favorable au bien-être des employés.
Comment la société contribue-t-elle à garantir la sécurité sur les chantiers ?
Nous fournissons des EPI de qualité qui évoluent avec les besoins des équipes. Nous mettons en place des procédures claires, des règles de sécurité strictes, et réalisons des rappels réguliers via les 1/4h sécurité. Nous incitons à la prévention des « presque accidents », une démarche essentielle pour améliorer continuellement les pratiques.
Quelle est la responsabilité des salariés en matière de sécurité ?
Chaque salarié a une responsabilité directe dans la prévention des accidents. Cela inclut le respect des règles de sécurité, l’utilisation des équipements de protection fournis, la vigilance constante et la signalisation de toute situation dangereuse.
Qui est responsable en cas d’accident de travail ?
La responsabilité est partagée entre tous les acteurs, du salarié concerné au Directeur en passant par le Chef d’équipe ou le Conducteur de travaux. Même si nous rappelons quotidiennement les consignes, comme « mets ton casque », l’entreprise a une obligation de résultat, pas seulement de moyen. S’il y a un accident, sa responsabilité peut être engagée.
Que se passe-t-il en cas d’accident de travail ?
Il y a de nombreuses démarches administratives à réaliser car nous devons déclarer l’accident auprès de différents organismes. En cas d’accident grave, il faut également prévenir la famille du salarié concerné.
Quels sont les impacts d’un accident de travail pour l’entreprise et les équipes ?
Ils ont plusieurs niveaux. Pour le salarié, cela peut entraîner des arrêts temporaires, des soins médicaux, voire des séquelles à long terme. Pour les équipes, cela peut perturber les chantiers et créer des retards. Pour l’entreprise, cela peut engendrer une hausse des cotisations – plus il y a d’accidents, plus les charges sont importantes.
Si vous aviez un message à transmettre à vos collègues sur le sujet « sécurité », quel serait-il ?
La sécurité, ce n’est pas une contrainte, c’est une nécessité. En signalant les situations dangereuses ou les « presque accidents », vous participez activement à l’amélioration de nos pratiques et à la prévention des risques. Ensemble, on peut garantir des chantiers plus sûrs et préserver la continuité de notre travail.